Vous avez entendu cette histoire au coin d’un âtre craquant, de la bouche de votre institutrice ou dans le murmure attentionné de votre père pour vous endormir. Ce conte, vous le connaissez par cœur et pourtant vous avez toujours autant de plaisir à le réécouter, le décortiquer. Les mots ne sont jamais les mêmes, les intentions varient selon l’orateur... Cependant, les conclusions que vous en tirez ne regardent que vous. Peut-être êtes-vous déjà un de ces multiples bardes qui répètent cette fable à l’infini, la rendant immortelle ?


Au départ, il n’y avait rien. La Source était stagnante, accumulant de la puissance depuis des millénaires. Petit à petit, elle devenait de plus en plus forte, de plus en plus imaginative et ressentait une profonde solitude. Alors qu’elle pouvait s’offrir un petit havre de paix, elle décida d’attendre encore pour accumuler de l'énergie... Jusqu’au jour où elle enfanta quatre Primordiaux qui l'aidèrent à créer Teyolia. Le monde était vaste avec trois continents et des milliers d’îles. Cependant, à quoi bon avoir un si vaste territoire pour y vivre à cinq ? Elle enfanta de trois autres Primordiaux et leur offrit des terres avec pour mission d’y administrer la vie. Ensemble, ils créèrent les animaux, les plantes, les lois... en puisant dans ses fabuleuses réserves magiques. Chaque Primordial avait sa propre façon d’administrer son territoire, leur génitrice veillait au grain.

L'élaboration de Teyolia continua sur quelques décennies, oscillant entre des périodes de crises et les accalmies propices à la création. La Source se personnifiait régulièrement pour voir l’évolution de sa création et n’hésitait pas à houspiller ses enfants parfois égocentrés. Cependant, au fur et à mesure du temps sa présence s’étiolait. Lors des fêtes à sa gloire, les participants pouvaient encore ressentir sa présence et sa caresse tendre. Jusqu'au jour où plus personne ne la vit jamais. Il fallut encore quelques siècles avant que les Primordiaux ne se permirent plus de liberté. Certains renforcèrent leur côté guerrier, certains devinrent leur propre chef, d’autres s'effacèrent... Mais globalement, ils obéissaient encore à l'éducation de leur mère.


Tout aurait pu bien se passer. Cependant dans chaque conte il y a un changement qui brise l'équilibre et cette histoire ne fait pas exception.

Au premières lueurs du 31 Octobre 746, une malédiction s'abattit sur tout Teyolia. Elle atteignit toute vie, qu'importe l'espèce, l'âge ou la situation géographique. Les plus chanceux n'eurent aucun effet immédiat. Cependant pour près d'un tier de la population mondiale, le maléfice eut un effet terrible : ils se réveillèrent en hurlant, semblaient bruler de l'intérieur, en proie à un combat mental terrible. Une voix s'était éveillée en leur esprit, revendiquant leur corps et cherchant par tous les moyens de tuer l'hôte pour conquérir leur chair.


Les survivants du Vénéfice n'étaient plus les mêmes et si les plus solides arrivaient à repousser l'envahisseur de leurs pensées, les enfants ou les plus fragiles se firent happer par ces esprits revanchards. Ils développèrent une nouvelle personnalité et fusionnèrent avec leur envahisseur. De manière universelle, ces esprits avaient une mission à accomplir ou un désir de vengeance.

En cette période sombre, les maudits étaient malgré tous des enfants, des parents ou des amis. Il était impensable de les abandonner.


Exactement quarante ans après cet aurore mortifère, il eut le contrecoup. Si tout le monde voyait que les civilisations n'évoluaient plus de la même manière, une nouvelle routine s'était installée malgré tout. Aux premières lueurs, la panique prit tous les survivants du Vénéfice. En effet, les plus forts qui avaient pu repousser leurs parasites jusque là furent eux aussi corrompus par ces âmes vengeresses.


De plus, les indemnes virent leurs facultés s'altérer de manière incompréhensible. Les Pluméthils avaient perdu leur capacité à lire dans les cœurs et les plus meurtris pouvaient faire du mal à autrui. Les Elematris égrainaient leur humanité au fur et à mesure qu'ils utilisaient leur élément. Les Ecarnassiers se voyaient obligés de dévorer leur pairs..


La candeur pré-vénéfice avait fait place à de profondes interrogations. Les plus anciens remarquèrent avec horreur que les Primordiaux avaient changé eux aussi. Au fil de l’eau, leurs caractères s’étaient figés, renforçant les défauts les plus marqués de leur personnalité jusqu’à les rendre intraitables. Malgré les protestations, les enquêtes et les preuves fournies, aucun n’entendit raison. Leur peuple tenta de leur faire comprendre par voie pacifique, or les Primordiaux y étaient sourds. C’est ainsi que la force et la rébellion s’imposèrent dans les cœurs, bafouant les préceptes de la Source. Chaque territoire eut sa propre façon de réagir, poussant parfois à verser le sang ou à entrer dans une soumission profonde.

L’union des êtres s’étiolait au fur et à mesure, créant de nombreux groupuscules aux idéaux bien différents. Certains luttent contre le Vénéfice, d’autres recherchent la Source, d’autres préfèrent redresser le territoire où ils vivent… et je ne fais que citer les plus connus.

Et toi... où te situes tu dans toute cette histoire ?


Les posts qui suivent sont la chronologie : cela explique beaucoup plus en détail les évènements de Teyolia. Il est recommandé de faire le choix de votre espèce avant de lire la chronologie. Cependant, l'ordre de lecture est très dépendant des personnes et il n'y a aucun "meilleur choix" qu'un autre. Bonne lecture !

Le premier jour de la Genèse est celui où Asura est né. Il raconte avec émoi la relation fusionnelle qu'il avait eue avec la Source. D'enfant, il est devenu partenaire puis conseiller. Ensemble, ils créaient le monde par des paroles et des projets sans réellement se lancer. Jusqu'au jour où la Source enfanta d'Eser, de Tarie et d'Astréï, respectivement : la Lune, le Soleil et le Temps.

Le trio s'entendit immédiatement entre eux et avec leur grand frère, apportant une harmonie délectable à cette nouvelle famille. Cependant, il ne fallut pas plus d'une dizaine d'années pour s'apercevoir qu'Astréï n'était pas comme les autres : il semblait plus faible, plus fatigué alors que sa tâche était sans doute la plus éreintante. La Source s'attacha profondément à son enfant malade et lui offrait le confort ainsi que le réconfort dont il avait besoin. Eser et Tarie prirent leur place de protecteur et gardien : l'un après l'autre, ils veillaient sur leur frère mourant, soit en le réchauffant, soit en veillant sur ses rêves. La détresse de la Source était incommensurable, accentuée par sa propre culpabilité. Elle était incapable de soigner son enfant car n'avait plus d'énergie à lui offrir : en enfantant de trois primordiaux d'un coup, elle avait épuisé tout son pouvoir. Voyant ses derniers instants arriver, elle décida de le plonger dans un état léthargique.

La lancinante tristesse de la Source fut un frein majeur à ses envies créatrices. Eser et Tarie l'encourageaient sur son chemin de vie alors qu'Asura assurait qu'il n'y avait pas fondamentalement besoin de nouveaux primordiaux pour vivre. Or, il fallait tout tenter pour permettre à Astréï de se remettre. La Source récolta une de ses larmes, la compacta jusqu'à la rendre rigide, agglutinant cet amas pour en faire un tout. Il fallut bien des années d'amour et de minutie pour que cette enveloppe soit réalisée. Gemma fut produit et insufflé de son devoir : il créa les éléments, les continents, les mers, les cieux, la loge d'Astréï…


C'est ainsi qu'Astréï trouva une place dans le nouveau monde. En permanence dans le ciel, les plus anciens des espèces assurent que cet astre ne bouge quasiment pas comparé à sa fratrie qui ponctue les jours. 'Quasiment pas' veut dire qu'il bouge malgré tout. Et un jour, ce Primordial mourra, finissant sa course funeste et libérant le temps des contraintes qu'il avait imposées lors de son sommeil éternel.


La venue de Gemma ne déséquilibra pas la fratrie. Il était de nature simple et comprenait ce qu'on attendait de lui. Eser et Tarie écoutaient avec attention et s'émerveillaient de tout. Asura restait ouvert aux autres et à leur problématique, il offrait sa sagesse et son intelligence à qui lui demandait. La Source veillait sur chacun, donnait de son amour et de son intérêt. Elle les poussait à grandir dans leur individualité et leur imagination.

Vint un nouveau dilemme : qui habiterait en Teyolia ? Après réflexion, il manquait un maillon pour relier tous leurs rôles. La vie était modulée par Asura, les éléments par Gemma, le temps et les saisons gérés par Eser et Tarie. Mais comment faire ce trait d'union entre eux et ce territoire ? Comment réinvestir l'énergie dépensée ? Eser décida de parler à la Source malgré les réticences d'Asura.


Donc il n'était pas question d'attendre que la Source se décide pour trouver une solution. Sur l'insistance des Jumeaux, les Primordiaux se mirent de concert pour tenter de créer un "Primordial". Bien des tentatives ont été faites dans le plus grand secret. Beaucoup d'énergie a été gâchée sans compter l'espoir qui s'égrainait au fur et à mesure. Mais en canalisant l'énergie des Astres à travers les éléments pour y instaurer la vie…

D'abord une simple feuille. Puis rapidement un corps gracile crût sous les caresses répétées des Primordiaux célestes. L'enfant devint adulte en sept jours seulement. Si le contentement prenait les Primordiaux, Védine n'eut que sa solitude pour lui porter compagnie. Ne comprenant pas son rôle, elle contemplait le relai que se faisaient Tarie et Eser, Astréï et son immobilité. Elle ressentait leur encouragement sans l'expliquer. Le temps s'écoulait et elle se contentait d'être passive. Alors qu'Astreï continuait sa course funeste, la plante voulut suivre Eser. Elle tenta un premier pas et chut. Mais ce ne fut pas contre le sol… Un parterre de fleur venait d'amortir sa maladresse. C'était magnifique ! Elle s'approcha, contempla et en cueillit une. Lorsque la tige céda, elle ressentit une douleur vive et sentit cette vie se faner. Elle tenta de la remettre comme avant mais ça ne marchait pas. En se concentrant, elle put en faire pousser une autre : mais plus jamais celle-ci ne reprit vie. Ce fut sa première leçon. Védine se redressa et entama d'innombrables expériences.


Védine végétalisa totalement Teyolia durant un temps que seul Astreï comptait. Avec son imagination et sa capacité d'adaptation, elle avait conquis tous les milieux. Elle avait pu voyager à travers tous les territoires, y laisser ses enfants croitre et organiser leur vie. Pas un instant il y eut des conflits ou des guerres : ils ne connaissaient pas les émotions ni les relations. Ils vivaient dans l'instant, profitant du magnifique spectacle qu'offraient Eser et Tarie. Qui vivaient vivaient. Qui mourraient mourraient. Rapidement, des nations se dessinèrent selon les climats ainsi qu'une dévotion pour les Jumeaux. Védine prit son rôle de Floralie très au sérieux et régissait Teyolia avec une grande délicatesse. Peu à peu, la Primordiale créait un esprit de ruche. En réalité, les Yggdrasifs n'étaient pas réellement ses enfants mais plutôt ses boutures. Elle ressentait chaque naissance, chaque décès et pouvait les influencer. Cela expliquait la tempérance permanente de ces milliers d'individus.

Pendant ce temps, les Primordiaux contemplaient la vie qui grouillait et se multipliaient sous leurs yeux ébahis. Eser et Tarie prenaient leurs rôles très à cœur mais se languissaient de ne pas avoir un rôle plus important à jouer. Gemma, lui, était chatouillé dans son envie de créer encore et encore, d'avoir une troupe d'artisans à ses côtés pour rendre l'endroit encore plus hospitalier. Seul Asura observait de loin, sans réellement s'impliquer, au chevet de la Source qui était encore paralysée par le destin funeste d'Astreï. Le soutien de l'Ainé permit à la Source de reprendre doucement confiance en elle et son rêve.

La Source n'était qu'une énergie qui, par le biais d'Asura, pouvait se transformer en vie. Cependant, ces esprits n'avaient aucun corps. Ils n'étaient que des constellations éthérées perdues dans les limbes… Et c'est ainsi que naquit Zéphyre : élaboratrice des corps, experte de la biologique animale et des petits détails qui font que chacun est unique. La Primordiale était une femme avec une détermination en fer. Elle tissait les rêves pour leur donner forme et corps. Asura, Eser, Tarie, Gemma puis la Source vint en dernier lieu. Tous purent fouler cette sainte terre qu'ils avaient créée. À travers les yeux de ses enfants, Védine perçut très vite les changements engendrés. De nouvelles vies piétinaient les Yggdrasifs, provoquant des morts et des dommages. Qui étaient-ils ? Que voulaient-ils ? Pourquoi alors que tout fonctionnait ? Une alarme archaïque pulsait en sa sève et elle poussa ses enfants à se protéger.

Si la Source était la créatrice, Zéphyre était la génitrice. En duo avec Asura, elle gérait les naissances et soignait les invalides. Les différentes espèces étaient nées de sa main en accord avec leurs Primordiaux respectifs. Cependant, son épuisement était bien réel. Il était temps de responsabiliser les espèces. C'est ainsi que la Source, revigorée par toute cette ferveur, engendra deux nouveaux Primordiaux la même année : Capien et Sexire. Les émotions et les relations. À la naissance de tous ses enfants, la Source découpa la terre de Teyolia en sept continents : Wrath, Asqual, Cobrasier, Pririon, Shadonny, Slowl et Lumoth. Elle distribua les terres à ses enfants en leur demandant de gouverner comme bon leur semblait dans le respect de la vie de chacun.

On donna comme devoir à Capien d'implanter des émotions en chaque être et leur apprendre à les gérer. Vaste programme quand on est soi-même incapable de les comprendre. Un torrent de sensation le traversait dès qu'il posait son regard sur quelque chose ou quelqu'un. Dans un premier temps, il était peureux de ce qu'il ressentait et jalousait ses frères et sœurs si stables. Il les voyait rire sans joie, les entendait parler sans peur, mais aussi vivre sans passion… Ce fut la Source qui l'invita à parler à cœur ouvert. Pour finir, c'était l'amour qui le poussa à dompter ses pouvoirs et son don : envers sa mère mais aussi pour Tarie qui, en un regard, lui faisait perdre tous ses moyens. Ça le rendait nerveux, maladroit... et en même temps, habité par une intense énergie. Il s'abreuvait de ses propres ressentis pour réaliser le canevas de chaque être et plus il vivait, plus il complexifiait ces êtres passionnants. Or, plus Capien créait, plus il s'éloignait des émotions primaires et puissantes qu'il avait conçu en premier lieu. Tout cela était de plus en plus flou et ses passions s'affadissaient. Comment se ressourcer ? Comment se nourrir ? En récupérant l'essence. La signature de la vie : le sang de l'être. En réalité, Capien implantait des sentiments en chacun pour les cultiver et s'en désaltérer une fois les passions plus fortes. Il rêvait de récupérer le désir de Tarie et goûter à son sang... mais c'était sans compter sur l'arrivée du petit dernier de la fratrie.

Sexire vint au monde après quelques mois et avait pour mission de tisser les liens entre chaque individu. Ils avaient un corps par le biais de Zéphyr, des émotions par Capien et lui devait faire la jonction entre les deux. Ces relations pouvaient être positives ou négatives : le tout était de sociabiliser les créatures nées de ses frères et sœurs. Spontanément, Sexire tissa des liens positifs : l'amour, l'amitié, le désir... car il voyait à quel point cela rapprochait les individus. Il se sentait bien à être l'entremetteur de Teyolia, il se sentait revalorisé et à sa place. C'était avec une forme de tendresse qu'il voyait les gens évoluer... sans jamais ressentir ce qu'ils vivaient. Enfin presque : car Tarie ne le laissait pas indifférent. Il ressentait quelque chose pour elle, quelque chose qui grandissait tous les jours. Il tentait de tisser quelque chose avec elle en passant du temps avec. Le Primordial prenait toutes les apparences pour tenter d'éveiller quelque chose en elle : que ce soit le rire ou l'attraction. Sexire se refusait d'utiliser son pouvoir car il avait envie de quelque chose de pur, de simple, d'unique. De sincère.

Cependant, du jour au lendemain, Tarie passa de confiance et joie à colère et peur. Du dégoût naquit contre Sexire alors qu'il n'espérait que l'amour. Que se passait-il ? Tel un poison, il vit son monde harmonieux se faire déchirer par les émotions négatives, embrumant les relations saines qu'il avait tissé. Soumission, harcèlement, jalousie… Peut-être que la diversité comptait dans l'épanouissement de ce monde mais jamais Sexire ne l'avait imaginé ainsi. Il avait beau tenter se rapprocher de Tarie, il voyait qu'il la faisait souffrir. Aussi étrange que cela puisse paraitre, il ressentait que cela le nourrissait aussi. Mais la souffrance de la voir dans les bras de Capien finit d'achever la bienveillance de Sexire. La guerre était lancée entre eux. Sous couvert des tensions entre les Yggdrasifs et les autres espèces, les deux benjamins rassemblaient des troupes et imaginaient leur peuple pour porter atteinte à l'autre.

À l'autre bout du monde, grâce à la naissance de ses frères, Zéphyre devint la Primordiale de la fécondité, donnant des corps ou des particularités aux fœtus, tissant des unités mais aussi des êtres uniques. Jusqu'au jour où un enfant naquit avec une malformation. Minime, juste esthétique mais une malformation malgré tout. C'était le début de la détérioration de leur monde et tout le monde le ressentait.


Avec la naissance des émotions et des liens, Védine ressentit de la haine et de la peur envers ces étrangers. Si les trois derniers Primordiaux n'avaient pas connu l'éther, elle ressentait en les autres cette proximité fraternelle. Ils communiquaient entre eux, ils s'aidaient mutuellement… mais elle dans tout ça ? Depuis l'Efflorescence, elle était seule. Et alors qu'ils vivaient sous le même toit, aucun n'avait jugé bon de la trouver pour parlementer avec elle. Ils détruisaient. Ils pullulaient. Cette rancune, ses enfants la ressentaient de plus en plus, augmentant les tensions entre eux et les "nouveaux" arrivants. Jusqu'au jour où elle sentit la souffrance de ses enfants désertiques, calcinés pour assainir un territoire. Pour un "bâtiment". Grâce à son esprit de ruche elle transmit à tous sa rage et sa douleur. Les plus sensibles à sa cause se mirent en marche immédiatement. Les tensions enflaient encore, mettant de plus en plus de pression sur les autres espèces : les premiers morts vinrent. Puis, voyant que cela ne changeait rien, les Yggdrasifs devinrent plus virulents envers les Pythires et les Elematris.

Il fallait que ça cesse. L'animosité était contagieuse, rendant tout le monde à cran. Le sang coulait bien trop régulièrement pour une terre fraternelle. Gemma et Asura organisait avec leur peuple une chasse aux Yggdrasifs tandis que Védine réfléchissait à comment frapper plus fort. Zéphyre s'épuisait... Eser et Tarie ne savaient que faire et mettaient toute leur énergie à retrouver Védine. La Source était totalement dépassée, craignait que Zéphyre finisse comme Astréï, que les deux frères allaient balayer la Primordiale et n'avait pour soutien que les jumeaux. Il fallut une dizaine d'années pour qu'Eser repère enfin Védine grâce à son œil astral. Alors qu'elle pleurait ses enfants qui mourraient sous les coups de ses aînés, elle vit... cette lueur. Elle la connaissait. C'était doux, lumineux, éthéré... un peu froid mais tendre. Hypnotisée, elle osa s'approcher de cet orbe inconnu. Avec lenteur, la lune miniature se mut et Védine la suivit. Comme son premier jour de vie. Ainsi, elle rencontra la Source et Eser. C'était la première fois qu'elle les voyait et son cœur oscillait entre la plus profonde terreur et un émerveillement enfantin. La Source se présenta enfin à elle comme étant la mère de tous les Primordiaux et Eser, celui pour qui elle avait fait ses premiers pas. D'une caresse de sa génitrice sur sa joue, toute sa peur se dissolut, laissant place à l'admiration et à la ferveur. Quelqu'un se souciait d'elle. Eser prit le relais pour la rassurer et lui apprendre ce pourquoi ils étaient arrivés sur Teyolia.

Une demi-douzaine d'année après, les Yggdrasifs étaient encore et toujours revanchards mais c'était de leur propre initiative. Védine avait trouvé un équilibre auprès d'Eser ainsi que les Primordiaux dont les enfants perturbaient l'ex Floralie. La loi du plus adapté servait de caution.

Vinrent les Ecarnassiers et les Alteregos dans un dernier temps. Leurs Primordiaux avaient ancré la haine de l'autre en eux, accaparant les tensions qui s'étaient enfin dissipée entre les végétaux et le reste du monde. Cependant, ils étaient bien plus subtiles et agissaient dans l'ombre de la Source. Cette fin d'ère était l'âge d'or des cités et des constructions : toutes les nations sont nées en période de Cohabitation.

Malgré tous ses efforts pour retrouver son pouvoir originel, rien ne vint. Zéphyre tenta de se réinventer, de créer une peuplade à son image mais son pouvoir de création était définitivement usé, faisant d'elle la seule primordiale sans descendant. Effondrée mais persévérante, elle appela ses fidèles à venir à elle. Dans une merveilleuse cérémonie, elle donna des fragments de son pouvoir à ses aspirants, leur offrant une de ses plumes et changeant ces êtres en Pluméthil. Leur crédo était de rendre la vie des autres meilleurs, à l'instar de Zéphyre. Leur culte fit des adeptes. Immédiatement ils furent portés en haute estime et accepté dans tous les territoires.

La nation de la Génitrice était gérée par un conciliabule constitué de membres volontaires. Ils avaient pris le parti de ne pas avoir de milice et de tout investir en leur civil. Eser et Védine se mirent en couple pour gérer leurs deux territoires. Cependant, ils étaient diamétralement opposés. Alors, tous les cinq ans, ils changeaient de territoire. Ils s'étaient spécialisés dans la création de végétaux luminescent et sensitifs. De plus, le duo créa le culte d'Astréï ayant pour vocation d'offrir toujours plus d'énergie à ce frère léthargique. Ils prônaient le respect de la vie et le don d'amour en qui était capable de le faire fructifier. Capien et Tarie s'étaient créés un monde à part. Tarie avait abandonné tout droit sur son territoire et n'adressa plus la parole aux autres Primordiaux, même à son jumeau. D'ailleurs, de mémoire de teyolien, plus personne ne la revit jamais mis à part au bras de son compagnon. Ils vivaient en autarcie et jouaient les vierges effarouchés quand Sexire criait au scandale lors d'une escarmouche réussie. Assez rapidement, ils fermèrent leur territoire pour ne plus subir le joug du benjamin jaloux. Asura, Gemma et Sexire construisirent leur territoire en se partageant le continent principal. L'entente était cordiale. L'Ainé s'était lancé dans le culte de la Source pour espérer renforcer la ferveur à son encontre et la revoir un jour.

Un témoignage de Dévorame sur le Vénéfice et son retour.:

Si la première aube avait laissé place à la compréhension et l'entente, la seconde fut beaucoup plus fourbe : la fureur à l'encontre de cette espèce crût de manière imprévisible. La haine envers les Dévorams était à son paroxysme, engendrant une guerre sans fin. Les enfants étaient tués dès leur premier cri. Les infectés étaient chassés et traqués. Et les Chimères étaient mis à mort sans le moindre questionnement. Peu à peu, cette folie se fondit dans les mœurs, corrompant mêmes les cœurs les plus purs.

Altérés par la malédiction, toutes les espèces perdirent un bout de leur spécificité : les Pythires perdirent leur troupeau et se retrouvèrent avec leur unique Echo, les Astréïdes furent saignés dans leur capacité d'accumulation d'énergie, les Elematris payaient de leur corps l'utilisation de leur élément, les Pluméthils perdirent immédiatement leur capacité à lire dans les besoins de leur cible et pouvaient provoquer la souffrance, les Ecarnassiers étaient rabaissés à devoir dévorer leurs pairs teyoliens et les Altéregos ressentirent que les relations néfastes les nourrissaient grandement.

La déchéance ne s'arrêta pas là. Zéphyre mit quelques années avant de disparaitre totalement elle aussi. Le couple Eser et Védine vola en éclat et déchira les deux territoires conjoints. On raconte que le désespoir d'Eser et la colère de Védine détruisirent tout en leur nation. Capien et Tarie furent taxés de tyrans et se renfermèrent d'autant plus. Gemma fut touché par le Vénéfice, devenant le seul Primordial Dévoram. Touché dans son être, il devint de plus en plus accaparé par la justice et la rigueur. Sexire lui continua à tisser son réseau de manipulation. Asura restait relativement neutre dans ce monde qui se délitait.